Sommet décisif à Dar es Salaam : L’EAC et la SADC convoquent un sommet extraordinaire samedi

04 février 2025 - 09:22
Dans un contexte de tensions régionales exacerbées, le Kenya a annoncé ce lundi 3 février la tenue d’un sommet extraordinaire conjoint de la Communauté des États d'Afrique de l'Est (EAC) et de la Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).
Par Eugide Abalawi Ndabelnze✍
Ce sommet, prévu pour le samedi 8 février 2025 à Dar es Salaam, en Tanzanie, réunira notamment les présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, dans le but de trouver une solution à la crise sécuritaire qui secoue l’est de la République Démocratique du Congo (RDC).
Une rencontre au sommet sous haute tension
La situation dans l’est de la RDC est à son paroxysme après la prise de Goma par le M23, soutenu par l’armée rwandaise selon plusieurs rapports.
Cette avancée spectaculaire a non seulement intensifié les tensions entre Kinshasa et Kigali, mais a également mis à l’épreuve les mécanismes régionaux de gestion des conflits.
La RDC accuse ouvertement le Rwanda de soutenir le M23 dans une tentative de déstabilisation, tandis que Kigali rejette ces allégations, affirmant que la crise est une affaire interne congolaise.
Face à cette escalade, la nécessité d’une réponse régionale concertée s’est imposée.
L’EAC et la SADC, deux blocs influents du continent, ont décidé de conjuguer leurs efforts pour tenter de désamorcer la situation.
Ce sommet est donc perçu comme une opportunité cruciale pour empêcher une aggravation du conflit, qui risque d’avoir des répercussions bien au-delà des frontières congolaises.
Un enjeu diplomatique majeur pour la RDC et ses alliés
Pour le président Félix Tshisekedi, cette rencontre représente une occasion d’obtenir un soutien accru de la communauté régionale et internationale face à l’agression présumée du Rwanda.
Depuis plusieurs mois, Kinshasa plaide pour une intervention plus ferme de la SADC, dont elle est membre, afin de contrer l’influence du M23 et de rétablir l’ordre dans la région du Nord-Kivu.
La SADC a déjà déployé une force militaire en RDC pour aider à combattre les groupes armés, mais la prise de Goma par le M23 remet en question l’efficacité de cette mission.
Tshisekedi devrait donc profiter du sommet pour exiger un renforcement du soutien militaire et diplomatique, tout en dénonçant ce qu’il considère comme une ingérence inacceptable du Rwanda dans les affaires congolaises.
De son côté, le Rwanda, représenté par Paul Kagame, tentera probablement d’atténuer les pressions diplomatiques qui s’accumulent contre lui.
Kigali pourrait chercher à minimiser son implication présumée dans le conflit et à défendre son rôle dans la stabilité régionale.
Les attentes des autres acteurs régionaux
Les autres chefs d’État de l’EAC et de la SADC auront également un rôle clé à jouer dans ce sommet.
Le Kenya, qui assure actuellement la présidence de l’EAC, cherche à préserver la stabilité régionale et à éviter une guerre ouverte entre deux de ses voisins stratégiques.
La Tanzanie, pays hôte du sommet et membre influent de la SADC, pourrait jouer un rôle de médiateur en faveur d’une solution pacifique.
L’Afrique du Sud, qui a une influence considérable au sein de la SADC, est attendue sur sa position quant à un possible renforcement du soutien militaire à la RDC.
De même, l’Ouganda, qui entretient des relations complexes avec la RDC et le Rwanda, sera un acteur clé dans les discussions.
Un tournant pour la paix dans la région ?
Le sommet de Dar es Salaam représente une étape critique pour la paix en Afrique centrale.
Alors que le spectre d’une guerre prolongée plane sur la région, cette réunion exceptionnelle pourrait être l’occasion de poser les bases d’une solution durable à la crise.
Tout dépendra de la volonté des acteurs impliqués à privilégier le dialogue et à faire primer les intérêts de la stabilité régionale sur les ambitions politiques et économiques individuelles.
La communauté internationale suivra de près l’évolution de ces discussions, espérant que cette rencontre marquera un tournant décisif dans la recherche d’une paix durable en RDC et dans la région des Grands Lacs.
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