Guerre dans l'est de la RDC : Voici le plan de sortie de crise de l'église catholique et de l'ECC

04 février 2025 - 11:40
Le 3 février 2025, les délégations de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo (ECC), respectivement conduites par le Cardinal Fridolin Ambongo et le Révérend André-Gédéon Bokundoa, ont été reçues par le Chef de l’État Félix Tshisekedi à la Cité de l'Union Africaine.
Par Eugide Abalawi Ndabelnze✍
Cette rencontre a permis aux autorités religieuses de discuter des enjeux cruciaux de la situation sécuritaire dans l'est de la République Démocratique du Congo (RDC), notamment de la prise de la ville de Goma par les rebelles du M23.
La situation dans l’est de la RDC s’est fortement détériorée ces derniers mois, et la prise de Goma a exacerbé une crise sécuritaire, humanitaire et économique déjà profonde.
Ces violences ont déplacé des milliers de personnes, créant une urgence humanitaire qui frappe durement les populations locales.
Face à cet état des lieux, les Églises catholique et du Christ au Congo ont décidé de prendre l’initiative de contribuer à la recherche d’une solution durable, loin des logiques de violence et de confrontation.
La rencontre entre les délégations religieuses et Félix Tshisekedi s’inscrit dans ce cadre de recherche de solutions pacifiques et de réconciliation.
Mgr Donatien Nshole, Secrétaire général de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO), a souligné que l’objectif de cette démarche est avant tout de renforcer la cohésion nationale au sein du pays.
Selon lui, l’Église joue un rôle central dans la pacification et la réconciliation, et c’est dans cette optique que le projet « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs » a été conçu.
Un projet de sortie de crise
Ce projet, qui a été remis au Président Tshisekedi, vise à créer un climat de paix et à rassembler la population autour des valeurs communes de solidarité et d’unité.
Mgr Nshole a expliqué que l’objectif est de proposer une sortie de crise « sans bain de sang », insistant sur la nécessité d’un dialogue inclusif et d’une compréhension partagée des défis à relever pour le pays.
Bien que les détails du projet restent réservés, le Secrétaire général de la CENCO a précisé qu’il s’agissait d’une initiative visant à créer un consensus national pour dépasser la crise actuelle.
De son côté, le Révérend André-Gédéon Bokundoa de l’ECC a exprimé l’importance d’apporter des propositions concrètes susceptibles d’unir les Congolais et de restaurer la paix.
Il a souligné que les Églises souhaitent éviter toute stigmatisation des acteurs du conflit, et privilégient une approche basée sur des valeurs partagées pour restaurer la paix et la stabilité dans la région.
Selon le pasteur Nsenga Eric, représentant de l’ECC, le message principal du Chef de l’État, qui a encouragé les deux Églises à poursuivre cette démarche, était de promouvoir la cohésion nationale et de trouver une compréhension commune des enjeux auxquels le pays est confronté.
Un projet au moment des blocages diplomatiques
Ce projet de « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble » intervient dans un contexte où plusieurs initiatives diplomatiques semblent au point mort.
La communauté internationale et les acteurs régionaux peinent à trouver une solution diplomatique pour mettre fin aux violences. Le M23, avec le soutien de l’Armée rwandaise, a déjà pris le contrôle de plusieurs localités dans le Nord-Kivu, ce qui aggrave la crise dans la région.
Les initiatives diplomatiques, notamment celles portées par la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et la Mission des Nations Unies en RDC (MONUSCO), ont montré leurs limites face à l’intensification des combats et des affrontements.
Dans ce contexte de crise, l’approche des Églises catholique et ECC semble constituer une alternative de plus en plus pertinente, en apportant une proposition de paix fondée sur la réconciliation et l’unité nationale.
Leur projet présente un potentiel de mobilisation de la population congolaise en faveur de la paix et pourrait ouvrir une voie pour un dialogue intercongolais soutenu par la société civile et les forces vives du pays.
En somme, l’initiative conjointe des Églises catholique et du Christ au Congo, bien qu’encouragée par le Président Félix Tshisekedi, reste une proposition parmi d’autres dans un contexte extrêmement complexe.
Néanmoins, elle met en lumière l’importance de la cohésion sociale et de l’unité nationale comme clés de la sortie de crise en RDC.
À un moment où les voix diplomatiques et politiques semblent hésitantes, le rôle des Églises et de la société civile dans le processus de paix pourrait devenir décisif.
C’est donc avec une grande attention que la population et la communauté internationale attendent l’évolution de ce projet ambitieux qui aspire à ouvrir de nouvelles perspectives pour la paix dans les Grands Lacs.
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